ï»żLindiffĂ©rence, lÂŽindiffĂ©rence / LÂŽindiffĂ©rence / CÂŽest tout ce quÂŽil reste Ă  prĂ©sent / De cet.. (paroles de la chanson L'indifference – CHARLES AZNAVOUR) Tube de l’annĂ©e 2003, extrait de l’album Le Chemin, la chanson DerniĂšre danse » suscite des interrogations quant Ă  son interprĂ©tation, mĂȘme prĂšs d’une quinzaine d’annĂ©es aprĂšs sa sortie. Est-ce une chanson de rupture mal digĂ©rĂ©e ou de deuil ? Je vous propose aujourd’hui de nous pencher sur la question, Ă  partir des paroles uniquement dans un premier temps. J’élargirai en fin d’étude de texte avec le clip, qui permet un autre Ă©clairage sur la chose Ă  dire sur DerniĂšre danse » c’est une chanson sur l’absence et, plus particuliĂšrement, sur l’absence subie. S’il est certain que le texte Ă©voque une femme, il ne l’évoque pas clairement et, si ce n’est le pronom elle » rĂ©pĂ©tĂ© deux fois et liĂ© aux descriptions, cela pourrait ĂȘtre un texte universel. La femme dĂ©crite n’est dĂ©jĂ  presque plus lĂ , elle n’est plus incarnĂ©e, bien que ses formes » restent en mĂ©moire du narrateur j’ai appris par cƓur ». Disparue mais surtout impalpable, sa description physique qui ouvre la chanson n’a rien de prĂ©cis attachons-nous par exemple aux quantifications dont nous gratifie le chanteur et Ă  leur effet entonnoir longtemps parcouru son corps », effleurĂ© cent fois son visage », trouvĂ© quelques Ă©toiles » jusqu’à arriver Ă  je veux juste une derniĂšre danse ». Du corps, on passe au visage puis aux Ă©toiles
 Le tout pour exprimer la volontĂ© du narrateur, qui a donnĂ© son titre Ă  la chanson une derniĂšre danse. Si tout est flou en ce qui concerne le visage et le corps de la femme en question, l’adjectif indĂ©fini une », accolĂ© Ă  derniĂšre », confĂšre Ă  cette entrĂ©e en matiĂšre une dimension presque dramatique. Et ce n’est que le dĂ©but
Le refrain ne craint pas la rĂ©pĂ©tition, clamant deux fois Je veux juste une derniĂšre danse », qui finit par tinter comme un caprice. Je veux juste une derniĂšre mousse au chocolat ! » Un voile obscur se baisse sur le narrateur, son avenir ne semble pas trĂšs joyeux Avant l’ombre et l’indiffĂ©rence ». Face Ă  ce qui l’attend, il n’a plus que l’espoir, l’espoir du vertige puis le silence ». Ombre, indiffĂ©rence, vertige et silence voilĂ  des mots-clĂ©s qui Ă©voqueront aux plus MylĂšne Farmer dans toute sa splendeur, et, pourtant, il ne s’agit que d’un homme Ă©plorĂ© d’amour perdu je sais, nous sommes thĂ©orie du caprice se poursuit au deuxiĂšme couplet C’est pas de ma faute ». Est-on jamais fautif un jour d’aimer ? Le narrateur se retire de toute question idĂ©ologique et poursuit dans sa lancĂ©e plaintive Je l’ai connue trop tĂŽt, mais c’est pas de ma faute [ndlr ça ne vous fait penser Ă  rien C’est pas ma faute Ă  moi ? »] la flĂšche a traversĂ© ma peau. » A ce stade, on a suffisamment d’informations sur le narrateur pour se demander Ă  quoi il tourne ça a l’air d’ĂȘtre de la bonne ; mais en fait, ne s’agirait-il pas lĂ  d’une subtile mĂ©taphore Ă  Cupidon ? Dans la mythologie grĂ©co-romaine, Cupidon, fils de VĂ©nus, est le dieu de l’Amour, dont les attributs sont un arc, un carquois et une flĂšche. Il envoyait des flĂšches dans le cƓur des dieux et des humains et paf, l’amour de la premiĂšre personne croisĂ©e, ce n’est pas trĂšs prĂ©cis comme science.Victime de Cupidon dans sa plus belle puissance, le narrateur se trouve donc aux prises d’un amour envers une femme qui, dĂ©cidĂ©ment, semble ne pas lui rendre le sentiment car C’est une douleur qui se garde », dont il remarque nĂ©anmoins qu’elle fait plus de bien que de mal » coucou l’oxymore. Cependant, si on dĂ©cidait de filer les rĂ©fĂ©rences mythologiques, un autre jeu subtil pourrait se tenir dans les phrases suivantes Je connais l’histoire / Il est dĂ©jĂ  trop tard / Dans son regard, on peut apercevoir / Qu’elle se prĂ©pare / Au long voyage ». Eh oui, car si on met cĂŽte Ă  cĂŽte la question du regard », du long voyage » et d’une histoire dĂ©jĂ  connue, peut-ĂȘtre peut-on penser au mythe d’OrphĂ©e, ce talentueux musicien qui, aprĂšs un long voyage », parvint Ă  nĂ©gocier avec le dieu des Enfers afin de rĂ©cupĂ©rer sa bien-aimĂ©e, Eurydice, contre la promesse de ne pas se retourner et de ne pas la regarder ». Promesse brisĂ©e par OrphĂ©e qui se retourna Ă  quelques mĂštres du monde des vivants et perdit Ă  jamais sa belle. Alors, si l’histoire est dĂ©jĂ  connue comme elle semble l’ĂȘtre, le narrateur semble rĂ©signĂ© Ă  avoir perdu la femme qu’il aime et ce long voyage aux Enfers l’attend, lui, davantage qu’elle, qui voyage sans doute tout simplement loin de lui il est quand mĂȘme un peu Ă©trange ce bonhomme.Le dernier couplet est Ă©loquent Ă  son tour sur le drame intĂ©rieur vĂ©cu et subi par le narrateur Je peux mourir demain, ça ne change rien », Je l’ai vue partir sans rien dire ». Sa mort Ă  lui, dont il semble se soucier autant que de sa premiĂšre paire de chaussettes, est mise en balance avec sa vie Ă  elle pour lui mourir », pour elle elle respire ». Depuis le dĂ©but de la chanson, il met cette femme sur un piĂ©destal la puretĂ© de ses formes », J’ai reçu de ses mains / Le bonheur ancrĂ© dans mon Ăąme », jusqu’à reconnaĂźtre C’est mĂȘme trop pour un seul homme ». Avant de rĂ©pĂ©ter encore une fois sa supplique de la derniĂšre danse », il la remercie et s’adresse, pour la premiĂšre et seule fois, Ă  elle directement Merci d’avoir enchantĂ© ma vie ». Ma vie », juste aprĂšs Je peux mourir demain », mais ma vie » avec un infinitif passĂ© qui renvoie, de nouveau, Ă  cette passivitĂ© qui rĂ©sume en un mot toute la posture du chanteur-narrateur dans ce texte. Nicette femme suicidĂ©e par l’indiffĂ©rence de son petit ami dans « AmnĂ©sie« , ni ce pĂ©dophile de Mais il y a quelques heures, c’est le titre « Donne-moi ton coeur » Ă©crit par Damso qui sort sur YouTube. Dans « LithopĂ©dion« , Damso avait lancĂ© la jeune AngĂšle sur « Silence » avant que les hautes sphĂšres de la musique n’en fassent la nouvelle Ă©gĂ©rie de la Le Monde Afrique L'ancien prĂ©sident de l'Afrique du Sud, Nelson Mandela, est mort jeudi Ă  l'Ăąge de 95 ans. Tout au long de sa vie, la parole fut la plus grande arme du hĂ©ros de la lutte anti-apartheid. L'ancien prĂ©sident de l'Afrique du Sud, Nelson Mandela, est mort jeudi 5 dĂ©cembre Ă  l'Ăąge de 95 ans. Depuis 1999, le hĂ©ros de la lutte contre l'apartheid s'Ă©tait retirĂ© de la vie publique, ne faisant que de rares apparitions. En 2003 pourtant, il Ă©tait sorti de son silence pour commenter l'action de George W. Bush, un prĂ©sident qui ne sait pas rĂ©flĂ©chir », et condamner le lancement de l'attaque en Irak. Car tout au long de sa vie, la parole fut la plus grande arme de Nelson Mandela. 20 avril 1964, procĂšs de Rivonia Un idĂ©al pour lequel je suis prĂȘt Ă  mourir » Depuis prĂšs de deux ans, Nelson Mandela est en prison, condamnĂ© pour avoir incitĂ© des gens Ă  se mettre en grĂšve pour protester contre les politiques de sĂ©grĂ©gation raciale. Mais le 20 avril 1964, Nelson Mandela rĂ©pond cette fois de chefs d'accusation plus graves sabotage, haute trahison et complot. Aux cĂŽtĂ©s de 19 dirigeants de l'ANC, le leader du parti politique est le premier Ă  prendre la parole dans le tribunal de Pretoria. Dans un discours de prĂšs de 30 minutes, il raconte Ă  l'assemblĂ©e la genĂšse et les motivations de son engagement politique, esquissant les prĂ©mices de la future Nation arc-en-ciel ». La souffrance des Africains, ce n'est pas seulement qu'ils sont pauvres et que les blancs sont riches, mais bien que les lois qui sont faites par les Blancs tendent Ă  perpĂ©tuer cette situation. ... Par dessus tout, nous voulons des droits politiques Ă©gaux, car en leur absence notre handicap sera permanent. Je sais que cela paraĂźt rĂ©volutionnaire aux Blancs de ce pays, car la majoritĂ© des Ă©lecteurs seront des Africains. Ce qui fait que les hommes blancs craignent la dĂ©mocratie. Mais cette peur ne doit pas se placer au travers de la voie de la seule solution qui garantira l'harmonie raciale et la libertĂ© pour tous. Ce n'est pas vrai que le droit de vote pour tous se traduira par une domination raciale. Le clivage politique fondĂ© sur la couleur de la peau est totalement artificiel et quand il disparaĂźtra, dans un mĂȘme mouvement la domination d'un groupe de couleur sur un autre sera Ă©liminĂ©e. Au cours de ma vie, je me suis consacrĂ© Ă  cette lutte des peuples africains. J'ai combattu contre la domination blanche et j'ai combattu contre la domination noire. J'ai chĂ©ri l'idĂ©al d'une sociĂ©tĂ© libre et dĂ©mocratique dans laquelle tout le monde vivrait ensemble en harmonie et avec des chances Ă©gales. C'est un idĂ©al pour lequel j'espĂšre vivre et que j'espĂšre accomplir. Mais si nĂ©cessaire, c'est un idĂ©al pour lequel je suis prĂȘt Ă  mourir. » A l'issue de ce procĂšs, Nelson Mandela est condamnĂ© Ă  la prison Ă  vie. Il restera vingt-sept ans derriĂšre les barreaux, sous le matricule de prisonnier 46 664. 13 fĂ©vrier 1990, la libĂ©ration L'apartheid n'a pas d'avenir » La foule attend, impatiente, les premiers mots du plus vieux prisonnier politique du monde, qui a quittĂ© deux jours plus tĂŽt la prison Victor Verster de Paarl. Depuis le balcon de l'hĂŽtel de ville du Cap, Nelson Mandela rompt un silence de vingt-sept annĂ©es. Dans une adresse formulĂ©e Ă  la premiĂšre personne, il remercie tour Ă  tour toutes les composantes de la sociĂ©tĂ© sud-africaine, celles-lĂ  mĂȘme qu'il lui faudra rĂ©ussir Ă  rĂ©unifier pour obtenir la paix du pays, encore rĂ©gi par les lois de l'apartheid. Je suis ici devant vous non pas comme un prophĂšte mais comme votre humble serviteur. C'est grĂące Ă  vos sacrifices inlassables et hĂ©roĂŻques que je suis ici aujourd'hui. Je mets donc les derniĂšres annĂ©es de ma vie entre vos mains. ... Aujourd'hui, la majoritĂ© des Sud-Africains, noirs comme blancs, reconnaissent que l'apartheid n'a aucun avenir. Ce systĂšme doit ĂȘtre aboli d'un commun accord afin de reconstruire la paix et la sĂ©curitĂ©. ... La situation qui nous avait poussĂ©e Ă  prendre les armes existe toujours aujourd'hui. Nous n'avons pas d'autre choix que de continuer. Notre lutte a atteint un moment dĂ©cisif. Nous appelons notre peuple Ă  saisir cette opportunitĂ©, afin que nous puissions accĂ©der rapidement Ă  la dĂ©mocratie. Nous avons attendu trop longtemps notre libertĂ©. Nous ne pouvons plus attendre davantage. C'est le moment d'intensifier notre combat sur tous les fronts. RelĂącher nos efforts Ă  prĂ©sent serait une erreur que les gĂ©nĂ©rations qui nous suivront ne nous pardonneraient pas. La vision de la libertĂ©, qui point Ă  l'horizon, devrait tous nous encourager Ă  redoubler nos efforts. Notre marche vers la libertĂ© est irrĂ©versible. Nous ne pouvons pas laisser la peur l'emporter. Le suffrage universel dans une Afrique du Sud dĂ©mocratique, unie et non raciale est notre seule voie vers la paix et l'harmonie entre les peuples. » Sous les applaudissements de la foule, Nelson Mandela conclura son discours en citant les derniers mots de sa plaidoirie de 1964. Ils sont toujours aussi vrais aujourd'hui qu'ils l'Ă©taient Ă  l'Ă©poque », martĂšle l'homme, se disant de nouveau prĂȘt Ă  mourir pour cet idĂ©al ». 10 octobre 1993, le prix Nobel Le comitĂ© suĂ©dois dĂ©cerne en 1993 le prix Nobel de la Paix Ă  Nelson Mandela et au prĂ©sident sud-africain Frederik de Klerk pour l'abolition de l'apartheid, en juillet 1991. A l'hĂŽtel de ville d'Oslo, Nelson Mandela choisit notamment de rendre hommage Ă  la mĂ©moire de Martin Luther King. Nous sommes ici aujourd'hui pour reprĂ©senter les millions de personnes qui ont osĂ© se soulever contre un systĂšme social dont l'essence profonde Ă©tait la guerre, la violence, le racisme, l'oppression, la rĂ©pression, et l'appauvrissement de tout un peuple. ... Ces innombrables humains, Ă  la fois Ă  l'intĂ©rieur et en dehors de l'Afrique du Sud, ont eu la noblesse d'esprit de s'opposer Ă  la tyrannie et Ă  l'injustice, sans chercher leur gain personne. Ils ont compris qu'une blessure faite Ă  une personne est une blessure faite Ă  l'humanitĂ©, et ont agi ensemble pour dĂ©fendre la justice et le sens commun de la dĂ©cence humaine. Notre rĂ©compense ne se mesurera que par la paix joyeuse qui triomphera un jour, car l'humanitĂ© qui unit les blancs et les noirs en une seule et mĂȘme race nous permettra de vivre un jour tels des enfants du paradis. Ainsi vivrons-nous, car nous aurons créé une sociĂ©tĂ© qui reconnaĂźt que tous les hommes naissent Ă©gaux, et que tous ont le droit Ă  la vie, Ă  la libertĂ©, Ă  la prospĂ©ritĂ©, aux droits humains et Ă  une bonne gouvernance. Une telle sociĂ©tĂ© n'autorisera plus jamais que certains soient faits prisonniers Ă  cause de leurs idĂ©es. ... Qu'il ne soit jamais dit par les gĂ©nĂ©rations futures que l'indiffĂ©rence, le cynisme et l'Ă©goĂŻsme nous ont empĂȘchĂ©s d'ĂȘtre Ă  la hauteur des idĂ©aux humanistes. Que chacune de nos aspirations prouve que Martin Luther King avait raison, quand il disait que l'humanitĂ© ne peut plus ĂȘtre tragiquement liĂ©e Ă  la nuit sans Ă©toiles, du racisme et de la guerre. Que les efforts de tous prouvent qu'il n'Ă©tait pas un simple rĂȘveur quand il parlait de la beautĂ© de la vĂ©ritable fraternitĂ© et de la paix, plus prĂ©cieuse que les diamants en argent ou en or. » 10 mai 1994, l'investiture Une nation arc-en-ciel en paix avec elle-mĂȘme et avec le monde » Le 27 avril 1994, Nelson Mandela est Ă©lu Ă  la tĂȘte de l'Afrique du Sud, avec 62,2 % des voix. Nelson Mandela prĂȘte serment, devenant le premier prĂ©sident noir de l'Afrique du Sud, aprĂšs quatre longues et difficiles annĂ©es de nĂ©gociations avec la minoritĂ© blanche. De l'expĂ©rience d'un dĂ©sastre humain inouĂŻ qui a durĂ© beaucoup trop longtemps, doit naĂźtre une sociĂ©tĂ© dont toute l'humanitĂ© sera fiĂšre. Nous, le peuple d'Afrique du Sud, nous sentons profondĂ©ment satisfaits que l'humanitĂ© nous ait repris en son sein, et que le privilĂšge rare d'ĂȘtre l'hĂŽte des nations du monde sur notre propre terre nous ait Ă©tĂ© accordĂ©, Ă  nous qui Ă©tions hors la loi il n'y a pas si longtemps. Le temps est venu de panser nos blessures. Le moment est venu de rĂ©duire les abĂźmes qui nous sĂ©parent. Le temps de la construction approche. Nous avons enfin accompli notre Ă©mancipation politique. Nous nous engageons Ă  libĂ©rer tout notre peuple de l'Ă©tat permanent d'esclavage Ă  la pauvretĂ©, Ă  la privation, Ă  la souffrance, Ă  la discrimination liĂ©e au sexe ou Ă  toute autre discrimination. Nous avons rĂ©ussi Ă  franchir le dernier pas vers la libertĂ© dans des conditions de paix relative. Nous nous engageons Ă  construire une paix durable, juste et totale. Nous avons triomphĂ© dans notre effort pour insuffler l'espoir dans le cƓur de millions de nos concitoyens. Nous prenons l'engagement de bĂątir une sociĂ©tĂ© dans laquelle tous les Sud-Africains, blancs ou noirs, pourront marcher la tĂȘte haute sans aucune crainte au fond de leur cƓur, assurĂ©s de leur droit inaliĂ©nable Ă  la dignitĂ© humaine – une nation arc-en-ciel en paix avec elle-mĂȘme et avec le monde. Le soleil ne se couchera jamais sur une rĂ©ussite humaine si glorieuse. » En mai 1999, Mandela se retire au terme d'un seul mandat. TĂ©lĂ©charger L'Africain capital », hommage du Monde » Ă  Nelson Mandela une application pour iPad Ă  dĂ©couvrir sur l'App Store, dans la collection Le Monde MĂ©moire ». Le Monde Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? 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Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s À Breuil-le-Sec Oise Ă  50 kilomĂštres de Paris, Gilbert Layet, trente-sept ans, sans profession, est mort, mercredi 6 juillet, des suites d'une grĂšve de la faim longue de huit mois. Dans le silence et l'indiffĂ©rence. Le mĂ©decin, appelĂ© par la famille, a dĂ©couvert un corps quasi squelettique qui ne pesait plus qu'une vingtaine de kilos. À la mort de son pĂšre, le 30 avril 1976, Gilbert Layet avait Ă©tĂ© profondĂ©ment Ă©branlĂ©. " Ça a Ă©tĂ© comme un dĂ©clic ", dit- on aujourd'hui dans le village. Au mois de dĂ©cembre suivant, la grĂšve de la faim commence " Il avait pris sa dĂ©cision. " Gilbert Layet se rĂ©fugie dans un petit appentis - " moitiĂ© en dur, moitiĂ© en bois " - attenant Ă  la maison de la famille trois piĂšces pour quatorze personnes. Il ne prend plus aucun aliment et n'accepte, de temps Ă  autre, qu'un peu de lait. ExceptĂ© sa famille, personne n'est au courant. Sa compagne continue de travailler dans une usine de la rĂ©gion. Ses trois enfants - une fille de dix-sept ans et deux garçons de quatorze et onze ans - vont toujours Ă  l'Ă©cole. Son frĂšre jardine et bricole. Toute la famille vit sur ces deux salaires et sur la production d'un potager. " Un milieu misĂ©reux ", souligne simplement un notable. " Des gens simples et modestes ", dit-on Ă  la gendarmerie de Breuil-le-Sec. Cette famille n'a rien d'extraordinaire. Elle est, comme on dit, bien intĂ©grĂ©e Ă  la population. Nul phĂ©nomĂšne de rejet de la part du village Ă  son encontre, nulle exclusion. Les Layet, comme les autres, vont au cafĂ©, trinquent, boivent. On ne les montre pas du doigt. Pourtant, dans son appentis, Gilbert Layet continue sa grĂšve de la faim suicide. MĂ©thodiquement. Personne ne s'inquiĂšte de ne plus le voir dans le village. Personne n'a l'idĂ©e de poser des questions. " Rien ne filtrait de la maison, explique-t-on Ă  prĂ©sent, elle Ă©tait protĂ©gĂ©e par des murs... " Dans un respect de la vie privĂ©e d'autrui poussĂ© Ă  l'extrĂȘme, ou dans une indiffĂ©rence gĂ©nĂ©ralisĂ©e, Gilbert Layet est, en tout cas, mort le 6 juillet, vers 22 h. 30. Le mĂ©decin, dĂ©couvrant le cadavre, a prĂ©venu aussitĂŽt la gendarmerie. Celle-ci doit remettre son rapport ce lundi. Le parquet de Beauvais a ordonnĂ©, la semaine passĂ©e, l'autopsie du corps. Gilbert Layet est mort de malnutrition et d'une tuberculose pulmonaire et rĂ©nale. Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă  consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă  lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant Ă  des moments diffĂ©rents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lindifférence, l'indifférence L'indifférence C'est tout ce qu'il reste à présent De cet amour tendre et violent En [] - Charles Aznavour
Plan Texte Bibliographie Notes Citation Auteurs Texte intĂ©gral 1Apparent paradoxe au regard de son titre, la revue Mots. Les langages du politique a retenu le silence en politique » comme dossier de ce numĂ©ro. 1 Voir l’incident rapportĂ© par Saville-Troike citĂ©e par Bilmes, 1996, p. 136 sur l’incomprĂ©hension ... 2 Ces deux premiers exemples littĂ©raires sont retenus pour leur caractĂšre archĂ©typique, mais il va de ... 2Le silence est gĂ©nĂ©ralement dĂ©fini par la nĂ©gative ou l’absence, opposĂ© Ă  la parole – fait de ne pas parler, de rester sans parler ; de ne pas exprimer son opinion, de ne pas rĂ©pondre », etc. – ou au bruit – absence de bruit, d’agitation ; interruption de son », etc. Le Petit Robert, 1982, p. 1814. Il est souvent associĂ© au vide et Ă  l’inertie. Pour autant, le silence n’est pas nĂ©cessairement dĂ©pourvu de sens. Il est d’abord diversement perçu selon les Ă©poques et les cultures Tannen, Saville-Troike, 1985 ; Bilmes, 1996, p. 132 ; Le Breton, 1997, p. 55 ; Breton, Le Breton, 2009, p. 31. Il peut ensuite ĂȘtre interprĂ©tĂ© diffĂ©remment d’aprĂšs les situations la rĂ©ponse par le silence Ă  une question n’a pas la mĂȘme signification en tout lieu ; il vaut accord Wyborski, 1988 ou acquiescement, comme en droit le plus souvent, selon le principe Qui ne dit mot consent », mais peut aussi traduire le refus ou la dĂ©sapprobation1. Il peut aussi ĂȘtre l’indice d’états psychologiques variĂ©s la peur – le silence de ChrysĂšs devant Agamemnon au dĂ©but de l’Iliade Montiglio, 1993, p. 161 et suiv. –, le repli sur soi dans le rejet de la communication – le silence d’Ajax face Ă  Ulysse au livre XI de l’OdyssĂ©e2 –, mais aussi la confusion, le respect, la timiditĂ©, l’impuissance, le mĂ©pris, la gĂȘne ou l’embarras, etc. Le silence est donc valorisĂ© ou dĂ©prĂ©ciĂ© en fonction des circonstances il en est en effet oĂč il convient, voire il est impĂ©ratif de parler, et d’autres oĂč il est prĂ©fĂ©rable ou recommandĂ© de se taire. ReprĂ©sentations sociales et axiologie du silence dans la parole 3La langue française regorge d’expressions relatives au silence, rĂ©vĂ©latrices de l’ambiguĂŻtĂ© que nous venons de rappeler. Les cooccurrents dĂ©terminent alors l’inscription axiologique du mot. Pour ne retenir que quelques cas en sĂ©lectionnant des occurrences saisies en contexte politique, citons, sur le versant nĂ©gatif, qui reste le plus nourri 3 Serge Charbonneau, sur le blog [ ... silence complice Honduras dĂ©sinformation et silence complice » [des mĂ©dias]3 ; 4 Masin, 18 avril 2008, sur un site berbĂ©riste exprimant une opposition aux chefs kabyles [http//www ... silence coupable Le silence coupable des hommes politiques kabyles »4 ; 5 PrĂ©sentation sur le site [ du livre AZF, un silence d’Éta ... silence obstinĂ© Cette enquĂȘte rigoureuse, menĂ©e en dĂ©pit de mille obstacles, explique la genĂšse et les raisons d’un scandale le silence obstinĂ© de l’État »5 ; 6 Blog [ c. le 4 septem ... Ă©trange silence L’étrange silence de Besson sur la politique d’immigration d’Hortefeux »6 ; 7 D’origine militaire, cette expression sert en fait trĂšs frĂ©quemment Ă  accuser les politiques ou les ... 8 Un blogueur catalan dĂ©nonçant cette agression par des voyous d’origine maghrĂ©bine » et le silence ... silence radio7 Un prĂȘtre agressĂ© silence radio des politiques et des mĂ©dias »8 ; 9 4 mai 2009. passer sous silence Katyn, l’histoire d’un massacre passĂ© sous silence »9. 10 La candidate verte Eva Joly Ă  la prĂ©sidentielle, Ă  propos de la violation des droits de l’homme au ... 11 Voir 27 aoĂ»t 2009. 12 Il est Ă©voquĂ© dans certaines paroles – certes ironiques – de la chanson populaire française On nou ... 4Face Ă  de tels problĂšmes, dossiers ou Ă©vĂ©nements, s’exprimer est ressenti comme une nĂ©cessitĂ© ou un devoir, ce que consacrent des expressions comme on ne peut pas rester silencieux On ne peut pas rester silencieux au prĂ©texte de nos relations commerciales avec la Chine »10, on n’a pas / plus le droit de se taire
 “On n’a pas le droit de se taire devant la crise qui s’organise” a dit Nicolas Sarkozy »11, etc. Ces expressions renvoient dans la plupart des cas Ă  des protestations diffuses contre la passivitĂ©, la lĂąchetĂ©, le manque de transparence, la culture du secret, la rĂ©tention d’information. Elles visent ceux qui devraient s’exprimer pour soutenir ceux qui souffrent en silence ». L’objectif est de dĂ©noncer l’exaction, le crime, le gĂ©nocide, la dictature, l’injustice ou encore la censure, lorsque la sociĂ©tĂ© est rĂ©duite au silence » ou mise sous silence » Puccinelli-Orlandi, 1996. Georges Balandier 1985 complĂšte avec justesse un premier constat – Les gouvernants sont gens du secret, parfois justifiĂ© par la raison d’État » – par un second et les gouvernĂ©s savent que “des choses leur sont cachĂ©es” ». Ce sentiment largement partagĂ©12 d’une dĂ©sinformation organisĂ©e parfois liĂ© aux thĂ©ories du complot est au fondement d’une partie des expressions dĂ©jĂ  citĂ©es, et d’autres comme la loi / la conspiration du silence, faire le silence sur une affaire, se rĂ©fugier dans le silence
 13 Ex. Front des forces socialistes “Le pouvoir ne peut pas acheter le silence des AlgĂ©riens” » ... 14 Ex. [Jean-François CopĂ©, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’UMP] a dĂ©noncĂ© hier la “loi du silence” des re ... 15 Ou, selon les auteurs, maximes conversationnelles, rĂšgles rhĂ©torico-pragmatiques
 On pense par exem ... 16 Parmi les sites trĂšs frĂ©quentĂ©s, il n’y a que l’embarras du choix par exemple [ ... 17 Voir [ c. le 14 juin 2010. 18 Il est symptomatique qu’une revue Ă©cologiste et alternative lyonnaise, qui compte actuellement prĂšs ... 19 Voir par exemple Le silence d’Ingrid Betancourt est sa “meilleure rĂ©ponse” » 19 ... 5Mais autant acheter le silence »13 des opposants ou des tĂ©moins notamment est a priori condamnable, comme l’est la conspiration du silence », autant il peut paraĂźtre nĂ©cessaire de sortir [enfin
] de son silence » ou lĂ©gitime de briser le silence », de rompre la loi du silence »14. L’éthique dĂ©termine des domaines, prĂ©figure des situations oĂč ce que l’on attend est plutĂŽt de l’ordre du formulĂ©, ou plutĂŽt de l’ordre de la rĂ©serve. Le silence sera valorisĂ© ou pĂ©jorĂ© en fonction de cette attente sociale. Et il en va de mĂȘme des lois du discours, qui conduisent les interlocuteurs Ă  adopter une attitude collaborative oĂč le silence joue son rĂŽle15. À l’opposĂ© du pĂŽle nĂ©gatif, on trouve donc nombre de dictons ou proverbes Le Breton, 1997, p. 72, mais aussi de contes et de mythes, qui vantent les vertus du silence au-delĂ  du silence ascĂ©tique ou religieux, les premiĂšres expressions venant Ă  l’esprit sont La parole est d’argent, le silence est d’or », ou encore Il y a un temps pour se taire, comme il y a un temps pour parler » prĂ©cepte 2, Dinouart, 1987 [1771], ­chapitre 1, p. 65. Nombre de ­citations cĂ©lĂšbres »16 qui fleurissent sur la Toile font l’éloge du silence. Couramment opposĂ© au bruissement de la sociĂ©tĂ© moderne, au bavardage inutile », Ă  la parole vide » ou Ă  la logorrhĂ©e », il est plĂ©biscitĂ© comme un moment d’écoute et d’attention Ă  l’autre, de rĂ©flexion, de rĂ©sistance. Dans la lignĂ©e des manifestations silencieuses » mode de rĂ©sistance passive et pacifique, sans slogan ou des marches silencieuses » – aprĂšs la Marche du sel de Gandhi –, les frĂšres franciscains de Toulouse ont expĂ©rimentĂ© en 2008 les cercles de silence » pour protester contre les conditions de vie des Ă©trangers en situation irrĂ©guliĂšre dans les centres de rĂ©tention17. Et la mode que connaissent en Occident la mĂ©ditation, les cures de silence » ou encore la randonnĂ©e dĂ©sertique, recyclages des expĂ©riences trappistes ou Ă©rĂ©mitiques, souligne d’une autre maniĂšre la positivitĂ© accordĂ©e de nos jours au silence18. Au-delĂ  de ces faits langagiers et psychologiques, il n’est pas jusqu’aux techniques, avec le dĂ©veloppement contemporain des dispositifs de protection contre le bruit lĂ©gislation du travail, Ă©quipements personnels, normes de construction, qui n’attestent ce phĂ©nomĂšne. Le silence est d’ailleurs plus systĂ©matiquement valorisĂ© lorsqu’il est opposĂ© au bruit que lorsqu’il l’est Ă  la parole, puisqu’il est des situations, on l’a dit, oĂč il convient d’énoncer. Les contre-exemples qui manifestent une pĂ©joration du silence en regard du bruit sont rares et renvoient Ă  des situations particuliĂšres ou Ă  des expĂ©riences peu enviables on parle alors d’un silence de mort / de cimetiĂšre / glacial. C’est aux bruits », d’ailleurs, que sont associĂ©es sĂ©mantiquement les rumeurs », vis-Ă -vis desquelles il est positif de garder / conserver le silence, s’imposer le silence ou observer un silence prudent19. 20 Voir, sur un site du MoDem, la dĂ©ploration du silence assourdissant des commentateurs » face Ă  l ... 6Si les silences sont multiformes et polysĂ©miques, silence et parole restent organiquement tissĂ©s l’un Ă  l’autre, insĂ©parables comme les deux faces d’une mĂȘme piĂšce de monnaie. C’est ce dont tĂ©moignent d’ailleurs les oxymores comme silence Ă©loquent, silence qui en dit long qui peuvent se passer des mots, ou l’expression plus pĂ©jorative silence assourdissant20 Revaz, 2009, p. 6. Il faut certes enfreindre la rĂšgle du silence, par la parole, pour l’énoncer » Courtine, Haroche, 1987, p. 17, mais la parole a, comme la musique VaquiĂ©-Mansion, 2009, p. 251 et suiv., besoin de silences. Quelle place alors, et quelle importance, accorder au silence dans l’analyse du discours ? Envers de la parole, point aveugle ou, au contraire, partie fonctionnelle et structurante du discours, composant essentiel des Ă©noncĂ©s, Ă©lĂ©ment constitutif de la communication, mĂ©canisme producteur du sens, matiĂšre signifiante par excellence » Puccinelli-Orlandi, 1996, aboutissement suprĂȘme du langage » Le ClĂ©zio, 1967, p. 192 ? Silence syntagmatique et silence paradigmatique21 21 Nous empruntons cette distinction Ă  Michel Le Guern, 2008. 22 À propos des limites du langage pour dire la vĂ©ritĂ© du monde, voir le premier Wittgenstein, 1993 [1 ... 23 Ces aspects ont Ă©tĂ© abordĂ©s dans le numĂ©ro 56 de la revue Mots La Shoah, silence
 et voix », pa ... 7Au-delĂ  de ces interrogations et des expressions mentionnĂ©es plus haut, ce dossier vise particuliĂšrement les usages et les interprĂ©tations des silences dans le discours politique. On l’a centrĂ© sur le silence au sens propre, c’est-Ă -dire sur l’interruption du flux de la voix, et sur le commentaire mĂ©diatique notamment Revaz, 2009 qui en est fait, plutĂŽt que sur le non-dit Van den Heuvel, 1985, p. 78 et suiv., l’implicite, l’indicible22, l’ineffable ou le refoulĂ© des discours23, dont le rapport au silence est plus mĂ©taphorique. 24 Les Ă©tudes sur le sujet distinguent en gĂ©nĂ©ral les pauses silencieuses, qui prennent la forme d’une ... 8On pense ainsi Ă  l’analyse des silences dans les duels, dĂ©bats et conversations politiques. Ils s’y manifestent d’abord par le simple fait que les Ă©noncĂ©s y sont soumis aux contraintes prosodiques communes, destinĂ©es Ă  rendre intelligible tout message bien formĂ© ; c’est la dimension syntagmatique du silence des pauses silencieuses24, incorporĂ©es Ă  un dispositif prosodique complexe intonation, intensitĂ© articulatoire, pente mĂ©lodique, dĂ©bit, y remplissent diffĂ©rentes fonctions. Sur ce plan proprement locutoire, certaines d’entre elles sont grammaticales elles dĂ©marquent les propositions et les syntagmes afin d’en manifester la cohĂ©sion et de permettre l’analyse et la comprĂ©hension du message. D’autres apparaissent Ă  l’intĂ©rieur mĂȘme d’un syntagme et tĂ©moignent de l’opĂ©ration de sĂ©lection et d’encodage effectuĂ©e par le sujet parlant ce sont les pauses d’hĂ©sitation produites devant des lexĂšmes abstraits ou techniques, par exemple. Mais au-delĂ  de l’activitĂ© combinatoire visant Ă  Ă©laborer un Ă©noncĂ©, le silence intervient pour rĂ©guler les tours de parole associĂ© Ă  des signaux linguistiques et mimo-gestuels, il crĂ©e l’intervalle temporel – gap, switching pause
 Kerbrat-Orecchioni, 1998, p. 162 oĂč s’effectue, idĂ©alement, le changement de locuteur. La distribution des silences dans le discours peut alors donner lieu Ă  des stratĂ©gies de nĂ©gociation ou de dĂ©jouement, et le silence prĂ©visible se voir dĂ©caler de telle sorte que le locuteur prolonge sa mainmise sur la parole. 25 Voir Ă  ce sujet les remarques de Pierre LĂ©on 1993, p. 167-169 sur la prosodie oratoire dans les d ... 9ArticulĂ©e aux rĂšgles de formation des Ă©noncĂ©s et au dispositif rĂ©gissant les interactions, c’est alors la dimension stylistique et rhĂ©torique du silence qui se profile introduit au sein d’un constituant pour isoler un mot, une expression, il rend ceux-ci plus saillants ; prolongĂ© en fin de syntagme, il peut baliser avec force une progression argumentative dans un discours didactique, entre autres ; augmentant en frĂ©quence, exagĂ©rĂ© dans ses durĂ©es, il contribue Ă  marquer le discours du sceau de la solennitĂ©25
 DĂšs lors, le silence n’apparaĂźt plus seulement comme le lieu d’une jointure, d’une articulation du sens ou des rĂŽles conversationnels il fait l’objet d’un travail pour lui-mĂȘme, gagne en substance sĂ©mantique et, s’intĂ©grant ainsi Ă  un dispositif paradigmatique, il prend part Ă  la construction de l’ethos de l’orateur. Dans cette perspective et selon les situations de discours, la multiplication et l’allongement des pauses silencieuses agissent comme symbole du pouvoir pour le locuteur dominant, tandis que de pseudo-pauses d’hĂ©sitation, parfaitement conscientes, peuvent correspondre ailleurs Ă  une stratĂ©gie de l’homme politique qui veut donner une impression de simplicitĂ© » Duez, 1991, p. 149. SĂ©mantisation et ambiguĂŻtĂ©s du silence 26 Voir les images dans le documentaire Coupez le son. Le charisme politique, Thierry Berrod, Canal+ ... 27 Ibid. En revanche, la cĂ©lĂšbre rĂ©plique frĂ©quemment prĂȘtĂ©e Ă  Georges Marchais Taisez-vous Elkabba ... 28 Il s’agit, on se le rappelle, du cas de cette enseignante qui, aprĂšs une aventure avec l’un de ses ... 10Bien sĂ»r, comme pour ce qu’il est convenu d’appeler les dĂ©rapages verbaux, tous les silences des locuteurs politiques ne sont pas volontaires ni contrĂŽlĂ©s, et ils peuvent toujours faire l’objet d’interprĂ©tations variĂ©es ou contradictoires. Prenons le cas du bref silence, trĂšs remarquĂ©, que s’accorde François Mitterrand le 22 mars 1988, avant de rĂ©pondre par un oui Ă  la question du journaliste Henri Sannier concernant sa nouvelle candidature Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique Journal de 20 heures d’Antenne 226 la mimique, la gestuelle, l’inflexion prosodique et enfin ce silence qui feint l’hĂ©sitation ou le soupĂšsement, affectent le mot d’une naturalitĂ© jouĂ©e, et constituent sur le plan sĂ©miotique l’affichage d’une libertĂ© ou d’un dĂ©tachement vis-Ă -vis des circonstances – c’est-Ă -dire en dernier ressort l’exhibition du vrai pouvoir. Cette mince entaille dans le flux du dialogue construit l’ethos de celui qui maĂźtrise le rythme, mĂšne le jeu, dĂ©cide ou non de laisser du temps au temps » et peut se permettre, dans ce contexte unique et solennel, de rĂ©tablir quelques fractions de seconde supplĂ©mentaires un suspens qui n’en Ă©tait plus un. D’autres silences plus ou moins cĂ©lĂšbres prĂ©sentent un caractĂšre bien diffĂ©rent au tournant des annĂ©es soixante-dix/quatre-vingt, ceux du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du PCF Georges Marchais Ă  la tribune d’un meeting ou face Ă  un journaliste traduisent plus manifestement ses hĂ©sitations ou la perte du fil de sa pensĂ©e27. Le silence prolongĂ© du prĂ©sident Pompidou lors d’une confĂ©rence de presse de 1969, aprĂšs la question d’un journaliste sur son sentiment personnel Ă  propos de l’affaire Gabrielle Russier28, peut ĂȘtre entendu ou vu » diffĂ©remment soit comme un signe de son embarras face Ă  la question ou Ă  l’affaire, soit comme une incertitude sur la meilleure rĂ©plique Ă  apporter, soit comme un moment pris pour puiser dans sa mĂ©moire. Sur le plan rhĂ©torique, on ne saurait exclure que dans un tel cas, le locuteur joue prĂ©cisĂ©ment de cette ambiguĂŻtĂ© afin de susciter l’attitude active de l’auditoire, et donne Ă  son silence un caractĂšre persuasif en renvoyant les destinataires au questionnement qui fait le fond de son message. Mentionnons pour finir l’ Ă©tonnant silence » Coulomb-Gully, 2009, p. 31 de SĂ©golĂšne Royal, immobile et muette pendant quatre interminables minutes lors du meeting de Vitrolles le 29 septembre 2006, au cours duquel elle se dĂ©clare candidate Ă  l’investiture du PS les lectures renvoient le plus souvent au cĂŽtĂ© hiĂ©ratique de la personnalitĂ©, mais la recherche d’ inspiration » – au sens Ă©videmment non physiologique du terme
 – ou le besoin de communion avec le public sont Ă©galement invoquĂ©s. Le silence rhĂ©torique ou l’art de rarĂ©fier la parole 29 La prĂ©tĂ©rition est le sacrifice imaginaire d’un argument. On Ă©bauche ce dernier tout en annonçant ... 30 Ibid. 31 CitĂ© par Le Guern, 2008, p. 41. 11La tradition rhĂ©torique a depuis les origines envisagĂ© le silence, et cela de diffĂ©rentes façons. La taxonomie traditionnelle lui associe plusieurs figures l’aposiopĂšse, l’ellipse, ou ce jeu dĂ©ceptif avec le silence qu’est la prĂ©tĂ©rition par exemple29. La rĂ©ticence, rĂ©pertoriĂ©e parmi les figures de pensĂ©e, permet quant Ă  elle Ă  l’orateur d’évoquer une idĂ©e tout en laissant le dĂ©veloppement Ă  l’auditeur »30. C’est, selon Nicolas BeauzĂ©e, un moyen d’en faire imaginer beaucoup plus qu’on ne se serait permis d’en dire »31. Les pauses silencieuses qui charpentent toute interaction discursive, liĂ©es au dĂ©bit, au rythme, sont envisagĂ©es sous l’angle de l’actio. Les pauses Ă  caractĂšre paradigmatique concernent Ă  la fois l’elocutio et l’inventio Le Guern, 2008, p. 39. Les traitĂ©s envisagent la rĂ©tention dĂ©libĂ©rĂ©e et prolongĂ©e de la parole dans certaines circonstances sociales dans son ouvrage de 1771, L’art de se taire – qui est en rĂ©alitĂ©, selon Courtine et Haroche 1987, un art de parler » ou de faire quelque chose Ă  l’autre par le silence » –, l’abbĂ© Dinouart, tout en dĂ©fendant la religion et le Prince, prĂ©conise un modĂšle de conduite sociale gouvernĂ© par la prudence » et la rĂ©serve le silence politique est dĂ©fini comme celui d’un homme prudent, qui se mĂ©nage, se conduit avec circonspection, qui ne s’ouvre point toujours, qui ne dit pas tout ce qu’il pense, qui n’explique pas toujours sa conduite et ses desseins ; qui sans trahir les droits de la vĂ©ritĂ©, ne rĂ©pond pas toujours clairement, pour ne point se laisser dĂ©couvrir » p. 71. Savoir se taire ou du moins parler peu permet de maĂźtriser ses passions et de ne pas se dĂ©voiler. Et, pensant par exemple au no comment des diplomates et des porte-parole, on conçoit qu’il a toujours existĂ© des usages stratĂ©giques et tout un art du silence » qui serait une partie de l’art politique Balandier, 1985. Ce qui n’est pas dit contribue Ă  la mise en relief des mots du pouvoir observant les SĂ©noufo de CĂŽte d’Ivoire, l’anthropologue Jean Jamin relevait, dĂšs 1977, que si le chef est bien le maĂźtre des mots, il est en mĂȘme temps [celui] des silences et des secrets ». Et comme le remarque justement Le Breton, le goĂ»t de la plupart des sociĂ©tĂ©s pour l’éloquence n’empĂȘche pas la valeur de la parole [de prendre] sa mesure dans l’enrobement du silence qui l’accompagne » 1997, p. 75. 32 Voir le documentaire Coupez le son. Le charisme politique, citĂ© supra. 12RarĂ©fier la parole est sans doute une façon de la valoriser, ce que laisse entendre une remarque de Michel Rocard, qui demandait en 1988 aux ministres de son gouvernement de parler peu et d’agir efficacement » AbĂ©lĂšs, 1990, p. 54 Vous savez, la parole use. Pour qu’on Ă©coute, il la faut relativement rare, mĂȘme en pĂ©riode Ă©lectorale. »32 L’ancien Premier ministre accrĂ©dite en l’occurrence un autre prĂ©cepte de certains communicants politiques crĂ©er la raretĂ© de la prĂ©sence discursive pour en susciter le dĂ©sir. On reconnaĂźt lĂ  une stratĂ©gie dĂ©fendue par Jacques Pilhan, conseiller en communication des prĂ©sidents Mitterrand en 1984 puis Chirac dix ans plus tard. Sans se faire l’apĂŽtre d’un silence absolu, ce qui serait une façon de scier la branche sur laquelle le professionnel est assis, le conseiller montre tout le bĂ©nĂ©fice qu’un leader politique peut tirer de son absence momentanĂ©e des mĂ©dias 33 L’écriture mĂ©diatique. Entretien avec Jacques Pilhan », Le DĂ©bat, no 87, p. 4-5. Le citoyen, bombardĂ© de messages, vit dans le bruit permanent des mĂ©dias. En tant qu’homme public, si je parle souvent, je me confonds avec le bruit mĂ©diatique. La frĂ©quence rapide de mes interventions diminue considĂ©rablement l’intensitĂ© du dĂ©sir de m’entendre et l’attention avec laquelle je suis Ă©coutĂ©. Si, en revanche, je me tais pendant un moment, le dĂ©sir de m’entendre, compte tenu du fait que je suis, par exemple, prĂ©sident de la RĂ©publique va s’aiguiser. L’attention qu’on va prĂȘter Ă  mes paroles va ĂȘtre considĂ©rable. La diffĂ©rence entre le signal que j’émets et le bruit ambiant sera trĂšs importante. Il y aura beaucoup de reprises dans les mĂ©dias, beaucoup d’impact dans l’opinion. C’est ce qui va me donner le statut de leader par rapport aux acteurs trop prĂ©sents dont le message fait partie du bruit public. Si, aprĂšs avoir tendu le dĂ©sir qu’a l’opinion de m’entendre par un silence relatif, je concentre plusieurs interventions sur une pĂ©riode courte, l’impact sera encore renforcĂ© et mon statut de leader accru. Il ne s’agit pas de faire l’apologie du silence, comme on l’a cru ! Je ne suis pas un thĂ©oricien du silence, je pratique des ruptures de rythme – le silence qui prĂ©pare Ă  de trĂšs fortes intensitĂ©s d’intervention dont le relief confĂšre le statut de leader Lieux et contextes, paradoxes et tensions du silence en politique 34 Il dĂ©clare avec solennitĂ© Je voudrais, parce que les silences sont souvent plus pesants que les ... 35 DiffĂ©rentes affiches du Rassemblement national ou du FN dans les annĂ©es quatre-vingt ont reprĂ©sentĂ© ... 13Mais si les paroles, dans ces conditions, tirent plus de poids du silence, la rĂ©ciproque est vraie Le silence est Ă©loquent Ă  condition que les paroles qui l’entourent soient elles aussi Ă©loquentes » Le Guern, 2008, p. 43, ou que la situation d’énonciation soit instrumentalisĂ©e avec la compĂ©tence pragmatique requise. L’interprĂ©tation des silences dĂ©pend ainsi de donnĂ©es contextuelles qui peuvent leur communiquer une signification complexe. On songe au silence rĂ©clamĂ© et observĂ© par Jean-Marie Le Pen, lors de l’émission L’heure de vĂ©ritĂ© sur Antenne 2, le 13 fĂ©vrier 1984 en rĂ©action Ă  l’initiative du ministre socialiste des Relations extĂ©rieures, Claude Cheysson, qui venait de proposer une minute de silence au Parlement europĂ©en Ă  l’annonce du dĂ©cĂšs du prĂ©sident de l’URSS, Youri Andropov, le chef du Front national, imitĂ© par ses invitĂ©s, se lĂšve et dĂ©clare vouloir rendre hommage par le mĂȘme moyen aux victimes du communisme34. Il reste ainsi muet quelques instants, impassible en dĂ©pit des questions du journaliste Albert du Roy, qui s’évertue Ă  l’interroger. Le silence est alors politique Ă  deux niveaux au moins il donne corps Ă  la protestation anticommuniste annoncĂ©e, mais aussi théùtralise le caractĂšre indomptable du leader frontiste, qui ne saurait se soumettre au rituel bien rodĂ© de l’interview conduite dans le cadre, prĂ©sumĂ© hostile, d’un mĂ©dia de l’ establishment ». L’invitĂ© s’impose en imposant son propre silence Jean-Marie Le Pen renverse au passage la relation hiĂ©rarchique au sein de l’interlocution et affirme son emprise sur le rythme et le dĂ©roulement du dialogue. Inversion de sens et de valeur cette attitude mutique mais Ă©loquente est paradoxalement adoptĂ©e au moment prĂ©cis oĂč les journalistes donnent la parole Ă  celui qui se plaint d’ĂȘtre la victime d’une censure politico-mĂ©diatique », et dont le parti diffuse des affiches reprĂ©sentant le dirigeant du FN bĂąillonnĂ©35, comme rĂ©duit ou condamnĂ© au silence » par le systĂšme. D’un cĂŽtĂ©, s’arroger le droit au silence dans un lieu de parole ; de l’autre, protester au motif de n’avoir pas voix au chapitre dans le dĂ©bat politique dans les deux cas, le silence mis en scĂšne est au cƓur de la communication, tĂ©moignant de sa plasticitĂ© symbolique. 36 Si le Code Ă©lectoral art. R 48 prohibe les discussions et dĂ©libĂ©rations des Ă©lecteurs Ă  l’intĂ©rie ... 14MĂ©ritent donc une attention particuliĂšre tous les lieux et circonstances oĂč le silence s’affiche, et spĂ©cialement ceux oĂč il prend une forme cĂ©rĂ©monielle, ritualisĂ©e ou institutionnalisĂ©e, sans qu’on recoure pour autant Ă  un fonctionnaire, comme l’était le silenciaire », chargĂ© de veiller Ă  la discipline et au respect du silence autour des empereurs romains puis byzantins Delmaire, 1995, p. 38 et suiv.. Les minutes » de silence qui viennent d’ĂȘtre Ă©voquĂ©es se dĂ©veloppent aprĂšs la premiĂšre guerre mondiale mais seront sujettes Ă  des variations nationales. L’évolution de leur durĂ©e, qui tend Ă  ĂȘtre raccourcie en France, Ă  l’inverse du monde anglo-saxon, tĂ©moigne des diffĂ©rences sociales et culturelles quant au rapport au temps et aux hommages. On songe aussi bien sĂ»r au silence qui s’impose, comme dans des lieux sacrĂ©s, Ă  l’intĂ©rieur des bureaux de vote36 alors que le silence des urnes », lui, est si souvent dĂ©plorĂ© par les acteurs et commentateurs politiques, ou bien encore aux fonctions soumises Ă  un devoir de rĂ©serve, notamment Ă  la Grande Muette » voir Bryon-Portet, 2006. 37 Sans compter celle de l’exit forcĂ© du membre du gouvernement volubile et surtout trop critique le
 ... 38 Voir Albert O. Hirschman, Exit, Voice, and Loyalty Responses to Decline in Firms, Organizations, ... 39 Voir la vidĂ©o Dailymotion » sur le site [ ... 15Évoquant les sociĂ©tĂ©s modernes, dites de la politique-spectacle, Georges Balandier 1985 oppose avec beaucoup de perspicacitĂ© le silence du centre, oĂč s’effectue le gouvernement » l’essentiel de la politique et le bruit fait sur la pĂ©riphĂ©rie » les manifestations publiques du pouvoir, l’apparence, c’est-Ă -dire l’accessoire. Et il conclut que la prolixitĂ© sur l’accessoire masque [
] le silence sur l’essentiel, en partie ou en entier ». On pense Ă  ce titre Ă  la discrĂ©tion imposĂ©e aux ministres tentĂ©s par la critique des orientations de leurs chefs et rappelĂ©s au respect du principe de solidaritĂ© gouvernementale. Chacun a en mĂ©moire la phrase prononcĂ©e par le ministre de la Recherche et de l’Industrie, Jean-Pierre ChevĂšnement, en mars 1983 Un ministre, ça ferme sa gueule, et si ça veut l’ouvrir, ça dĂ©missionne. » Il choisira un mois plus tard de ne plus taire ses divergences politiques sur le tournant de la rigueur » en quittant le gouvernement Mauroy. Pourtant, du moins si l’on en croit d’autres dĂ©clarations ministĂ©rielles, cette alternative entre l’exit ou la loyautĂ© silencieuse n’exclurait pas une troisiĂšme37 option la prise de parole Voice38 pour manifester son mĂ©contentement, position plutĂŽt inconfortable et prĂ©caire dans le cadre des pratiques politiques françaises. Ainsi, cherchant Ă  justifier le maintien des Ă©cologistes dans le gouvernement Ayrault tout en dĂ©fendant une conception active et loquace de la prĂ©sence gouvernementale, la ministre de l’ÉgalitĂ© des territoires et du Logement, CĂ©cile Duflot, tente de retourner la formule originale, lors des journĂ©es d’étĂ© d’Europe Écologie - Les Verts, le 22 aoĂ»t 2013, en la rĂ©actualisant et en la fĂ©minisant. Elle conclut sa sĂ©rie anaphorique et son discours par Nous sommes en 2013, et aujourd’hui une ministre, ça agit, ça ouvre sa gueule, et ça ne dĂ©missionne pas. »39 40 Ex. Facs PĂ©cresse dĂ©nonce le silence du PS sur les blocages » avril 2009 ; J ... 41 BenoĂźt Hamon, porte-parole du PS, citĂ© par l’AFP, 16 avril 2012. 42 Voir 15 avril 2012. 43 Voir par exemple le site catholique [ ... 16Certes, des locuteurs peuvent dĂ©noncer le silence » de l’adversaire politique40, et les dĂ©fenseurs d’intĂ©rĂȘts dĂ©plorer celui – au sens de lacune », de manque » ou d’ Ă©vitement » – des Ă©lus ou des institutions sur tel problĂšme crise climatique, sida, euthanasie, etc.. Pourtant, certaines notions sont convoitĂ©es par ceux qui se dĂ©clarent les reprĂ©sentants de ce qu’elles dĂ©signent, comme celle de majoritĂ© silencieuse », remise au goĂ»t du jour par l’élection prĂ©sidentielle de 2012. Cette prĂ©tendue majoritĂ© est celle dont l’opinion ne s’exprime pas, et dont la voix est construite en somme par un processus qui Ă©voque la figure appelĂ©e prosopopĂ©e. Face aux minoritĂ©s bruyantes » ou agissantes, la majoritĂ© silencieuse », appelĂ©e Ă  la rescousse par Georges ­Pompidou pour dĂ©fendre le rĂ©gime gaulliste en mai-juin 1968, puis par Dominique de Villepin pour soutenir son action lors de la crise du CPE en 2006, a encore Ă©tĂ© sollicitĂ©e par les partisans de Nicolas Sarkozy lorsque les sondeurs annonçaient la dĂ©faite du candidat de l’UMP “J’ai donnĂ© rendez-vous Ă  la France qu’on n’entend jamais [
] Je veux parler Ă  la majoritĂ© silencieuse”, a dit le prĂ©sident-candidat au dĂ©but de son grand meeting en plein air Ă  la Concorde cet aprĂšs-midi » Sarkozy parle “à la majoritĂ© silencieuse” », 15 avril 2012. D’autres mĂ©dias soulignent l’ambiguĂŻtĂ© de la formule en usant de l’oxymore, comme La Voix du Nord qui titre par exemple Ă  la une, le 16 avril 2012 Nicolas Sarkozy Ă  la Concorde une bruyante “majoritĂ© silencieuse” ». Et le camp adverse n’a aucune peine Ă  retourner l’argument Celui qui appelle au secours la majoritĂ© silencieuse est le mĂȘme prĂ©sident qui a rĂ©duit la majoritĂ© au silence [celle des Français opposĂ©s Ă  sa politique] »41, ou encore Ă  invalider la mobilisation sarkozyste en opposant Ă  une notion fictive et artificielle la vraie et lĂ©gitime majoritĂ© Il n’y a pas d’un cĂŽtĂ© une minoritĂ© bruyante et une majoritĂ© silencieuse [
] Le bulletin de vote est la plus belle prise de parole qui soit et la seule majoritĂ© que je connaisse est celle qui se dĂ©gage des urnes [
] Cette majoritĂ© populaire, dimanche prochain, ce sera nous [
] Cette majoritĂ©, je vous l’assure, ne sera pas silencieuse. Elle sera audacieuse », riposte François Hollande lors d’un meeting sur l’esplanade du chĂąteau de Vincennes42. Quelques mois aprĂšs son Ă©lection, les opposants Ă  la loi Taubira sur le mariage pour tous » s’emparent et se parent Ă  leur tour de ce vertueux silence, tout en faisant beaucoup de bruit43
 17Dans un autre ordre d’idĂ©es, la derniĂšre Ă©lection prĂ©sidentielle a fait Ă©merger des syntagmes, comme celui de silence numĂ©rique, pour dĂ©signer la nouvelle interdiction de la propagande des candidats et de leurs soutiens sur la Toile, Ă  partir du samedi zĂ©ro heure ou vendredi minuit prĂ©cĂ©dant le scrutin. Les partisans – Ă  l’instar des instituts de sondage contraints, depuis 2002, Ă  suspendre la publication de leurs enquĂȘtes pendant le dernier week-end – peuvent dĂšs lors se plaindre d’ĂȘtre enfermĂ©s dans cette fenĂȘtre de silence ». En France toutefois, malgrĂ© la clĂŽture de la campagne officielle, on n’emploie pas l’expression silence de campagne, comme c’est le cas Ă  propos des pays d’Europe centrale et orientale, ou en Russie Lange, 1999, p. 62-63 pendant une ou deux journĂ©es, la campagne rĂ©unions Ă©lectorales et apparitions mĂ©diatiques des candidats y est interrompue, et les citoyens, ainsi Ă©pargnĂ©s par la propagande Ă©lectorale, sont censĂ©s prendre le temps de la rĂ©flexion. 18Les trois articles prĂ©sentĂ©s au sein de ce dossier illustrent plusieurs des perspectives que nous venons de dessiner. Dans le fil des travaux de DaniĂšle Duez consacrĂ©s au silence dans les interactions de dĂ©bats politiques, l’article de Marion BĂ©chet, Marion SandrĂ©, Fabrice Hirsch, Arnaud Richard, Fabrice Marsac, et Rudolph Sock dĂ©crit les usages que François Hollande a faits de la pause silencieuse en 2011 et 2012 d’abord face Ă  Martine Aubry dans le cadre de la primaire socialiste, puis face Ă  Nicolas Sarkozy pendant la campagne prĂ©sidentielle. Les auteurs comparent, Ă  l’aide du logiciel Praat, la distribution et la durĂ©e des pauses du candidat socialiste dans ces deux situations. Les variations dĂ©tectĂ©es invitent Ă  s’interroger sur la stratĂ©gie adoptĂ©e par un locuteur qui Ă©labore son discours en jouant sur les pauses, dans des contextes dialogiques oĂč varient, d’une part, la tension polĂ©mique, et d’autre part, le rĂŽle qu’il prĂ©tend afficher. 19C’est un autre type de silence qu’évoque Paola Paissa dans son article consacrĂ© au dĂ©bat sur la torture lors de la guerre d’AlgĂ©rie – d’abord pendant les Ă©vĂ©nements » eux-mĂȘmes, puis plus de quarante ans plus tard Ă  l’occasion d’un tumultueux retour de mĂ©moire suscitĂ© par diffĂ©rents tĂ©moignages il s’agit ici du silence organisĂ©, mais contestĂ© ; de la chape de plomb soulevĂ©e en dĂ©pit du mutisme des autoritĂ©s, de la discrĂ©tion des tĂ©moins ou de l’indiffĂ©rence d’une partie de l’opinion. C’est de la lĂ©gitimitĂ© de ce silence, de son questionnement et par consĂ©quent du discours tenu Ă  son propos, qu’il s’agit alors. Paola Paissa interroge le phĂ©nomĂšne dans son rapport aux valeurs dont se rĂ©clament les diffĂ©rents protagonistes. Elle s’attache d’abord au mot lui-mĂȘme, Ă  sa frĂ©quence dans la presse, notamment dans la titraille ; elle souligne les termes cooccurrents, rĂ©vĂ©lateurs d’une axiologie ; elle montre ensuite l’évolution, selon les pĂ©riodes, de couples terminologiques antithĂ©tiques silence/libertĂ© de la presse, silence/vĂ©ritĂ©, silence/repentance ; elle distingue enfin une multitude d’acteurs aux interprĂ©tations antagoniques, dont la liste s’est allongĂ©e lors de la reprise de la polĂ©mique en 2000. 20Dans le troisiĂšme article enfin, AnaĂŻs Theviot nous confronte Ă  une forme nouvelle que prend l’institutionnalisation du silence dans une circonstance politique prĂ©cise la courte pĂ©riode pendant laquelle, Ă  la veille d’un scrutin en France, toute action de propagande politique doit ĂȘtre suspendue. Comment des partis qui s’appuient, pour faire campagne, sur Internet et les rĂ©seaux sociaux, peuvent-ils rendre des outils aussi peu propices Ă  la discrĂ©tion compatibles avec l’injonction lĂ©gale de silence numĂ©rique ? L’analyse repose sur une trentaine d’entretiens menĂ©s auprĂšs des responsables numĂ©riques et de la communication de l’UMP et du PS, sur une observation participante rĂ©alisĂ©e au siĂšge parisien du second de ces partis, et sur l’analyse de contenu de leurs sites Web au cours de la pĂ©riode de non-diffusion. AprĂšs avoir donnĂ© une mesure de la prĂ©sence des partis dans ce nouvel espace interactif, AnaĂŻs Theviot compare les stratĂ©gies mises en place en 2012 par les deux organismes. Elle dĂ©crit les dispositifs Ă©laborĂ©s pour se conformer au droit, et ceux qui s’en sont ensuivis pour contourner les nouvelles contraintes lĂ©gales. 21Ces trois aspects diffĂ©rents et complĂ©mentaires confirment, s’il en Ă©tait besoin, l’intĂ©rĂȘt de dĂ©passer le paradoxe que nous signalions pour commencer. Le silence est bien, tout autant que le discours, dont il est d’ailleurs insĂ©parable, l’affaire de Mots. Les langages du politique. Bien loin de correspondre Ă  un vide, Ă  une absence du message, il est un moment de celui-ci, et pas seulement parce qu’il est le lieu d’une activitĂ© organique et cognitive qui permet de le produire. Le silence du discours relĂšve d’une approche linguistique, pragmatique, stylistique et symbolique. Pourvu d’une matĂ©rialitĂ© sa durĂ©e et d’un sens, soumis Ă  une interprĂ©tation dans laquelle intervient tant la situation d’énonciation que le contexte linguistique, le silence est tantĂŽt indice, tantĂŽt signal, tantĂŽt signe au sens le plus strict et relĂšve pleinement d’une sĂ©miologie. Dans le contexte de l’énonciation politique, plus spĂ©cialement, il constitue un lieu subtil oĂč peuvent s’afficher le pouvoir sur le rythme et le temps, la domination dans les rĂŽles discursifs et sociaux, le rapport Ă  l’autre et aux circonstances, et l’image de soi. Haut de page Bibliographie AbĂ©lĂšs Marc, 1990, Rituels de campagne. L’élection municipale de 1989 Ă  Auxerre », Mots. Les langages du politique, no 25, p. 43-63. Bacot Paul, 1993, ConflictualitĂ© sociale et geste Ă©lectoral. Les formes de politisation dans les bureaux de vote », Revue française de science politique, vol. XLIII, no 1, fĂ©vrier, p. 107-135. Balandier Georges, 1985, Le dĂ©tour. Pouvoir et modernitĂ©, Paris, Fayard. 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Haut de page Notes 1 Voir l’incident rapportĂ© par Saville-Troike citĂ©e par Bilmes, 1996, p. 136 sur l’incomprĂ©hension fatale entre un pilote Ă©gyptien qui demandait l’autorisation d’atterrir sur un aĂ©rodrome chypriote et le contrĂŽleur aĂ©rien grec qui, rĂ©pondant par un silence, entendait ainsi signifier son refus, interprĂ©tĂ© comme un accord par le demandeur. Dans la partie de leur TraitĂ© de l’argumentation consacrĂ© Ă  l’accord, ChaĂŻm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca soulignent l’ambiguĂŻtĂ© de ce silence, y compris pour des interlocuteurs de mĂȘme culture C’est le danger de l’accord tirĂ© du silence qui explique que, dans beaucoup de circonstances, on choisit de rĂ©pondre quelque chose, mĂȘme si l’objection dont on dispose momentanĂ©ment est faible. » 1992, p. 145-146 2 Ces deux premiers exemples littĂ©raires sont retenus pour leur caractĂšre archĂ©typique, mais il va de soi qu’on ne peut, dans la perspective du dossier introduit, prĂ©tendre rĂ©sumer la gigantesque question du silence dans la littĂ©rature, et de son investissement imaginaire et axiologique en fonction de l’histoire et des contextes culturels. 3 Serge Charbonneau, sur le blog [ consultĂ© dĂ©sormais c. » le 4 septembre 2009. 4 Masin, 18 avril 2008, sur un site berbĂ©riste exprimant une opposition aux chefs kabyles [ % c. le 4 septembre 2009. 5 PrĂ©sentation sur le site [ du livre AZF, un silence d’État, Le Seuil, 2008, de Marc Mennessier, journaliste scientifique au Figaro, c. le 14 juin 2012. 6 Blog [ c. le 4 septembre 2009. 7 D’origine militaire, cette expression sert en fait trĂšs frĂ©quemment Ă  accuser les politiques ou les mĂ©diateurs, soupçonnĂ©s de priver les citoyens de l’information nĂ©cessaire. 8 Un blogueur catalan dĂ©nonçant cette agression par des voyous d’origine maghrĂ©bine » et le silence du ministre de l’IntĂ©rieur Manuel Valls, 20 juin 2013 [ c. le 23 aoĂ»t 2013. 9 4 mai 2009. 10 La candidate verte Eva Joly Ă  la prĂ©sidentielle, Ă  propos de la violation des droits de l’homme au Tibet 17 avril 2012. 11 Voir 27 aoĂ»t 2009. 12 Il est Ă©voquĂ© dans certaines paroles – certes ironiques – de la chanson populaire française On nous cache tout, on nous dit rien, Jacques Dutronc, en 1966 ou dans le livre Silence on dĂ©tourne ! Quand la politique fait son cinĂ©ma, de Louis Simon, prĂ©facĂ© par l’humoriste Laurent Gerra 2008, Paris, Fetjaine. 13 Ex. Front des forces socialistes “Le pouvoir ne peut pas acheter le silence des AlgĂ©riens” » site d’opposition [ 9 janvier 2011. 14 Ex. [Jean-François CopĂ©, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’UMP] a dĂ©noncĂ© hier la “loi du silence” des responsables successifs du PS sur l’affaire GuĂ©rini » 26 aoĂ»t 2011 ; J’ai rompu une certaine loi du silence » SĂ©golĂšne Royal, Ă  propos du consensus mou » de toute la classe politique, y compris socialiste, autour de la taxe carbone 1er septembre 2009. 15 Ou, selon les auteurs, maximes conversationnelles, rĂšgles rhĂ©torico-pragmatiques
 On pense par exemple au principe gĂ©nĂ©ral de coopĂ©ration dans un dialogue ; Ă  la loi de pertinence qui consiste Ă  faire silence sur les dĂ©tails accessoires, Ă  la loi d’informativitĂ© en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, on est censĂ© ne pas Ă©noncer ce qui est dĂ©jĂ  su et non contestĂ© par l’interlocuteur. Pour une synthĂšse sur la question, voir Kerbrat-Orecchioni, 1986, p. 194 et suiv. 16 Parmi les sites trĂšs frĂ©quentĂ©s, il n’y a que l’embarras du choix par exemple [ ou en anglais [ c. le 23 aoĂ»t 2013. Le Tao Te Ching de Lao Tseu y figure souvent en bonne place, avec des Ă©noncĂ©s tels que Celui qui parle ne sait pas, celui qui sait ne parle pas » ou La plus grande rĂ©vĂ©lation est le silence »  17 Voir [ c. le 14 juin 2010. 18 Il est symptomatique qu’une revue Ă©cologiste et alternative lyonnaise, qui compte actuellement prĂšs de 5 000 abonnĂ©s et entend donner la parole Ă  celles et ceux qui expĂ©rimentent des modes de vie Ă©cologiques, non-violents », se soit en 1982 baptisĂ©e S !lence » en mettant les points – d’exclamation – sur les i
. 19 Voir par exemple Le silence d’Ingrid Betancourt est sa “meilleure rĂ©ponse” » 19 avril 2009. Voir Ă©galement le dossier de Mots. Les langages du politique no 92 mars 2010, Rumeurs en politique. 20 Voir, sur un site du MoDem, la dĂ©ploration du silence assourdissant des commentateurs » face Ă  la campagne de François Bayrou [ 9 mars 2012. 21 Nous empruntons cette distinction Ă  Michel Le Guern, 2008. 22 À propos des limites du langage pour dire la vĂ©ritĂ© du monde, voir le premier Wittgenstein, 1993 [1921] Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence » schweigen faire silence, se taire », aphorisme 7, p. 112. 23 Ces aspects ont Ă©tĂ© abordĂ©s dans le numĂ©ro 56 de la revue Mots La Shoah, silence
 et voix », par Anny Dayan-Rosenman en particulier 1998, p. 5-14. 24 Les Ă©tudes sur le sujet distinguent en gĂ©nĂ©ral les pauses silencieuses, qui prennent la forme d’une interruption plus ou moins longue du flux verbal, et les pauses non silencieuses ou remplies » meublĂ©es en particulier par des signaux phatiques, des allongements vocaliques, des rĂ©pĂ©titions ou des faux dĂ©parts voir Duez, 1991, p. 16. Sur le plan organique, les pauses permettent aussi la reprise du souffle. Il est notable que, de façon gĂ©nĂ©rale, ce n’est pas la respiration qui contraint la syntaxe, mais plutĂŽt l’inverse. 25 Voir Ă  ce sujet les remarques de Pierre LĂ©on 1993, p. 167-169 sur la prosodie oratoire dans les discours du GĂ©nĂ©ral de Gaulle, dont le style a semble-t-il Ă©tĂ© imitĂ© par Georges Pompidou et, dans une certaine mesure, par François Mitterrand. 26 Voir les images dans le documentaire Coupez le son. Le charisme politique, Thierry Berrod, Canal+, PlanĂšte, Mona Lisa production, INA, 2007, en ligne [ c. le 2 mars 2012. 27 Ibid. En revanche, la cĂ©lĂšbre rĂ©plique frĂ©quemment prĂȘtĂ©e Ă  Georges Marchais Taisez-vous Elkabbach ! » n’est pas attestĂ©e c’est une invention de l’un de ses imitateurs, l’humoriste Pierre Douglas. 28 Il s’agit, on se le rappelle, du cas de cette enseignante qui, aprĂšs une aventure avec l’un de ses Ă©lĂšves, suivie d’une condamnation pour dĂ©tournement de mineur, s’était suicidĂ©e. AprĂšs de nombreuses mimiques et de longues secondes de rĂ©flexion apparente, le chef de l’État, spĂ©cialiste de la poĂ©sie française, finit par rĂ©pondre avec Éluard Comprenne qui voudra » et, prenant Ă  son compte l’énoncĂ© du poĂšte, enchaĂźne plusieurs vers faisant allusion Ă  la vindicte collective, au remords, au droit d’aimer 22 septembre 1969. Voir le site [ c. le 29 septembre 2010. 29 La prĂ©tĂ©rition est le sacrifice imaginaire d’un argument. On Ă©bauche ce dernier tout en annonçant que l’on y renonce [
] Le sacrifice [
] laisse croire que les autres arguments sont suffisamment forts pour que l’on puisse se passer de celui-ci. » Perelman, Olbrechts-Tyteca, 1992, p. 645 30 Ibid. 31 CitĂ© par Le Guern, 2008, p. 41. 32 Voir le documentaire Coupez le son. Le charisme politique, citĂ© supra. 33 L’écriture mĂ©diatique. Entretien avec Jacques Pilhan », Le DĂ©bat, no 87, p. 4-5. 34 Il dĂ©clare avec solennitĂ© Je voudrais, parce que les silences sont souvent plus pesants que les discours, moi aussi me lever Ă  mon tour pour tenir une minute de silence ou quelques instants de silence au moins. » Voir [ 35 DiffĂ©rentes affiches du Rassemblement national ou du FN dans les annĂ©es quatre-vingt ont reprĂ©sentĂ© Le Pen portant un bĂąillon blanc ou rouge, avec les lĂ©gendes Le Pen dit la vĂ©ritĂ©, on le bĂąillonne ! / Ils veulent le bĂąillonner » ou Ils veulent bĂąillonner la France ». Ce procĂ©dĂ© mĂ©taphorique de victimisation n’est pas propre au Front national il a Ă©tĂ© employĂ© dans d’autres contextes par diffĂ©rents acteurs. Par exemple, la Ligue lombarde dans les annĂ©es quatre-vingt, avec une affiche lĂ©gendĂ©e Lombard Tas ! Lombard tais-toi » ; Amnesty international, pour dĂ©noncer les violences faites aux femmes pendant les conflits armĂ©s ; Manuel Valls dans le quotidien El Pais en 2009, pour s’opposer Ă  un courrier de la premiĂšre secrĂ©taire du PS, Martine Aubry, qui lui intimait de cesser ses critiques publiques. Certaines de ces affiches sont reproduites sur le site [ c. le 31 janvier 2012. 36 Si le Code Ă©lectoral art. R 48 prohibe les discussions et dĂ©libĂ©rations des Ă©lecteurs Ă  l’intĂ©rieur des bureaux de vote, la norme du silence, sur le choix Ă©lectoral en particulier, est de nos jours trĂšs largement intĂ©riorisĂ©e par les Ă©lecteurs voir Bacot, 1993, p. 107 et 110. 37 Sans compter celle de l’exit forcĂ© du membre du gouvernement volubile et surtout trop critique le
 dĂ©barquement » de la ministre de l’Écologie Delphine Batho le 2 juillet 2013. 38 Voir Albert O. Hirschman, Exit, Voice, and Loyalty Responses to Decline in Firms, Organizations, and States [Face au dĂ©clin des entreprises et des institutions], Cambridge, MA, Harvard University Press, 1970. 39 Voir la vidĂ©o Dailymotion » sur le site [ c. le 23 aoĂ»t 2013. 40 Ex. Facs PĂ©cresse dĂ©nonce le silence du PS sur les blocages » avril 2009 ; Je dĂ©nonce le silence du PS aprĂšs la confirmation par l’Agence Moody’s du triple A de la France » tweet de Jean-François CopĂ©, 16 janvier 2012 ; dans le camp opposĂ©, le dĂ©putĂ© PS des Landes Henri Emmanuelli a dĂ©noncĂ© le silence de la droite “gaulliste” face au candidat de l’UMP Ă  la prĂ©sidentielle, Nicolas Sarkozy, estimant qu’il se rapprochait des “valeurs du pĂ©tainisme” » avril 2012. 41 BenoĂźt Hamon, porte-parole du PS, citĂ© par l’AFP, 16 avril 2012. 42 Voir 15 avril 2012. 43 Voir par exemple le site catholique [ ou celui de l’UMP de la Vienne On peut dire bravo Ă  tous ces FRANÇAIS, encore ceux-lĂ  qui composent la “MajoritĂ© silencieuse” ! » sic [ c. le 14 mai de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Denis Barbet et Jean-Paul HonorĂ©, Ce que se taire veut dire. Expressions et usages politiques du silence », Mots. Les langages du politique [En ligne], 103 2013, mis en ligne le 16 dĂ©cembre 2015, consultĂ© le 19 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Auteurs Denis Barbet UniversitĂ© de Lyon, Institut d’études politiques, Triangle CNRS, UMR 5206 Articles du mĂȘme auteur Paru dans Mots. Les langages du politique, 110 2016 Paru dans Mots. Les langages du politique, 98 2012 Paru dans Mots. Les langages du politique, 98 2012 Paru dans Mots. Les langages du politique, 98 2012 Paru dans Mots. Les langages du politique, 89 2009 Paru dans Mots. Les langages du politique, 89 2009 Tous les textes... Jean-Paul HonorĂ© UniversitĂ© Paris-Est CrĂ©teil Val de Marne, CEDITEC EA 3119 Articles du mĂȘme auteur Paru dans Mots. Les langages du politique, 103 2013 Paru dans Mots. Les langages du politique, 95 2011 Paru dans Mots. Les langages du politique, 93 2010 Paru dans Mots. Les langages du politique, 94 2010 Paru dans Mots. Les langages du politique, 88 2008 Chrononymes. La politisation du temps Paru dans Mots. Les langages du politique, 87 2008 Tous les textes... Haut de page Droits d’auteur © ENS ÉditionsHaut de page

Parolesde L'INDIFFÉRENCE par Charles Aznavour: Peu Ă  peu nous a fait sombrer, Dans un monde froid et figĂ©, Sans rĂ©sonance, Que reste-t-il de nos folies, OĂč Home; Chansons . Chansons les plus populaires; Chansons rĂ©cemment ajoutĂ©es; Chansons vedettes. Albums. Albums les plus populaires; Albums rĂ©cemment ajoutĂ©s; Albums rĂ©cemment mis Ă  jour;

Chansons fleuves Le FantĂŽme de Pierrot de Maxime Le Forestier auteur et Patrice Caratini compositeur EnregistrĂ©e en Juillet 1976. Paroles de Maxime Le Forestier, musique de Patrice Caratini. Au dĂ©but, la composition musicale ressemble Ă  quelque chose d'Ornette Coleman. Ensuite, elle sonne comme elle pourrait ĂȘtre de Michel Legrand. Coup de chapeau Ă  Le Forestier et Caratini pour cette piĂšce rare. Pour ma part cette remarquable chanson qui dure 11 minutes et 33 secondes m'a donnĂ© envie de rechercher les belles chansons de plus de 7 minutes qu'on pourrait appeler "Chansons fleuves" comme Dick Annegarn a nommĂ© une de ses chansons "Ă  rallonge" on y trouve plusieurs chansons chantĂ©es par Bashung, FerrĂ©, Manset ...et bien d'autres. Posts les plus consultĂ©s de ce blog Le puzzle Perec Tu as tout Ă  apprendre, tout ce qui ne s'apprendre pas la solitude, l'indiffĂ©rence, la patience, le silence.“ — Georges Perec, Un homme qui dort Source Auteur prolifique et touche-Ă -tout, la virtuositĂ© de Georges Perec ne connaĂźt pas d'Ă©gal au vingtiĂšme siĂšcle, cela ne doit pas pour autant occulter les thĂ©matiques, souvent graves, qui traversent son Ɠuvre, ni les ambitions de l'auteur, qui vont bien au-delĂ  de simples jeux sur le langage. Tu as tout Ă  apprendre, tout ce qui ne s'apprendre pas la solitude, l'indiffĂ©rence, la patience, le silence.“ — Georges Perec, Un homme qui dort Source Tu as tout Ă  apprendre, tout ce qui ne s'apprendre pas la solitude, l'indiffĂ©rence, la patience, le silence.“ — Georges Ça sort du cadre ! On imagine parfois que le sujet d'un tableau puisse en sortir tellement il parait rĂ©el ! Faute de savoir faire ou par preuve d'humour, quelques peintres ont contournĂ© cette difficultĂ© tout simplement en mettant rĂ©ellement un personnage hors du tableau. Cette pratique me rappelle cette sĂ©ance de "magie noire" Ă  laquelle j'avais assistĂ© enfant et au cours de laquelle le magicien avait fait sortir rĂ©ellement une jeune femme dessinĂ©e sur un rouleau de papier qu'il avait dĂ©roulĂ© et appliquĂ© au mur !!! Un peintre espagnol a créé cette superbe peinture nommĂ©e "Escapando de la Critica" qui l'a rendu cĂ©lĂšbre en Espagne. Il s'agit du peintre PĂšre BorrĂ©e del Caso ayant vĂ©cu dans son pays de 1835 Ă  1910. D'autres moyens, plus radicaux il est vrai, arrive au mĂȘme rĂ©sultat "Les glaneuses" 1857 de J-François Millet en ont fait les frais de façon parodique ... Ce tableau anonyme a servi de pr Sculptures "fontaines" de Malgorzata Chodakowska L'artiste polonaise Malgorzata Chodakowska , crĂ©e ces belles fontaines en bronze, oĂč l’eau joue un rĂŽle essentiel dans l’ensemble de la structure. L’artiste met entre deux Ă  six mois pour rĂ©aliser une sculpture, en fonction de la complexitĂ© de l’Ɠuvre. Elle commence par rĂ©aliser un modĂšle en argile, qui sert ensuite de moule Ă  la rĂ©alisation finale. Malgorzata sculpte depuis plus de 30 ans. Mes fontaines rĂ©pandent la joie pure de la vie, en combinant l’élĂ©ment de l’eau avec la matiĂšre premiĂšre – le bronze », explique t-elle.
Achetezle design « C’est juste l’indiffĂ©rence » par pineapplkween sur le produit suivant : Impression artistique Vendez vos Ɠuvres Connectez-vous Inscrivez-vous Artistes populaires alpha J artiste Justine titre Dans l'indiffĂ©rence et la joie Les paroles de la chanson Dans l'indiffĂ©rence et la joie »Justine Il y a de bonne guerre Il y a de mauvaise paix L’homme ET l’animal Allez Je suis le nord et le sud, Ă  la fois jouissance et entrave, Dark vador dans la Schtroumphette, le caviar et la rillette. Un vƓux de silence bruyant Ă  la recherche du chĂŽmage, sans prĂ©fĂ©rence, je suis, dans l’indiffĂ©renciĂ©, je suis A la fois maĂźtre et esclave, au fond dans la forme je suis un anus artificiel qui s’envole Ă  tir d’aile. Nana nananana na A a aa aaaaa Je suis le noir et le blanc, l’homme et la femme Ă©videmment, Louise Michel dans Mussolini, l’agressivitĂ© du feng-schui. Un nazi hyper sympa, un gros connard de communiste. Sans prĂ©fĂ©rence je suis, dans l’indiffĂ©renciĂ© je suis A la fois maĂźtre et esclave, au fond dans la forme je suis une crise providentielle qui s’envole Ă  tir d’aile. Nana nananana na A a aa aaaa
p. 162). Il s’emporte, peut-ĂȘtre un peu trop, contre l’indiffĂ©rence des Grecs Ă  l’égard de leur patrie, contre leur nĂ©gligence Ă  observer ce que l’on appelle aujourd’hui le devoir de mĂ©moire. Encore lui faudrait-il faire mieux la part des effets de la
Citations sur la vie Ă  dĂ©couvrir LES RÊVES SONT SEULS LES RÉALITÉS DE LA VIE. - Xavier Forneret - POUR CETTE VIE ET CELLE D'APRÈS TU SERAS MON UNIQUE PROJET. - Francis Cabrel - IL EST FACILE DE RECRUTER MILLE SOLDATS, MAIS IL EST DIFFICILE DE TROUVER UN GÉNÉRAL. - Proverbe Chinois - NE GÂCHE PAS TON SOURIRE POUR DES GENS QUI NE VALENT PAS LA PEINE. - - LE REGRET EST UN AMPLIFICATEUR DU DÉSIR. - Marcel Proust -
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Maistoi, amplifié dans le silence Justifié dans la façon dont tu me fais des bleus Magnifié dans la science Tu as anatomiquement prouvé que tu n'as pas besoin de moi Pourquoi est-ce que je

C'est le slogan de la nouvelle voiture "Lancia". C'est Richard Gere magnifiquement radieux qui la conduit et qui se rend au tibet .Il arrive au village de sa destination et est accueilli par un enfant mettent l'empreinte de leurs mains dans la neige. Dans le contexte des JO Ă  PĂ©kin, voilĂ  une nouvelle gĂ©nĂ©ration de publicitĂ© Ă  la maniĂšre des pubs Benetton qui me plaĂźt bien Ă  moi. Je veux bien ĂȘtre manipulĂ©e lĂ  ! $😉
Seulun expert des tubes des années 2000 pourra compléter toutes ces chansons ! Impossible de l'avoir loupé, les années 2 000 sont de retour en force et on se l'avoue, on adore ça. Lorie, Roméo et Juliette ou encore l'une des plus belles chansons de Patrick Bruel. Mais te souviens-tu vraiment des paroles de ces chansons que l'on a chanté
Clip de la chanson d'Indochine "College Boy" rĂ©alisĂ© par Xavier Dolan et dĂ©criĂ© pour sa violence capture d'Ă©cran / montage Le Plus. La violence contre le jeune garçon va crescendo. Elle commence par des brimades multiples jet de boulettes de papier, saccage du casier etc.. Puis, c’est le passage Ă  tabac assorti d’humiliations diverses, et enfin l’organisation d’une crucifixion dans la cour du collĂšge. Non seulement, on crucifie le jeune garçon, mais en plus ses persĂ©cuteurs lui tirent dessus avec des armes Ă  feu, le tout devant un public qui regarde les yeux bandĂ©s. 1. La torture qu’est le harcĂšlement moral matĂ©rialisĂ©e visuellement Les images sont dures, mais trĂšs rĂ©vĂ©latrices. En effet, elles matĂ©rialisent une violence que l’on prĂ©fĂšre invisibiliser. La scĂšne finale rappelle les exĂ©cutions publiques. Sauf qu’elles Ă©taient faites pour ĂȘtre regardĂ©es afin de rĂ©affirmer la puissance de la norme aux yeux de tous. Ici, les visages sont tournĂ©s en direction de la crucifixion, mais les yeux sont bandĂ©s. On peut comprendre ces images comme la reprĂ©sentation d’une sociĂ©tĂ© qui, Ă  force de vouloir que tout soit aseptisĂ© et lisse, en arrive Ă  exĂ©cuter en place publique le dĂ©viant, mais en s’efforçant de rendre invisible la brutalitĂ© de l’acte. Ainsi, lorsqu’il s’agit de harcĂšlement moral, au mieux on a tendance Ă  ne pas Ă©couter rĂ©ellement la victime en minimisant ce qu’elle vit, au pire, on le nie totalement en la taxant de paranoĂŻaque. De cette façon, on l’enferme dans une prison dont les murs sont faits de silence, d’indiffĂ©rence et de solitude. 2. Briser l’indiffĂ©rence quotidienne Ce clip dĂ©nonce avant tout l’homophobie. Cependant, la violence qu’il montre peut s’appliquer Ă  bien des cas. On peut par exemple penser au harcĂšlement moral au travail ou Ă  la stigmatisation de n’importe quelle diffĂ©rence. Il renvoie alors chacun Ă  sa conscience en l’invitant Ă  se demander si un jour il a pris part Ă  ce genre de collaboration passive. Avons-nous dĂ©jĂ  optĂ© pour l’aveuglement volontaire afin de ne pas troubler notre petit confort quotidien ? Avons-nous dĂ©jĂ  ignorĂ© des cris de dĂ©tresse pour ne pas faire de vagues ? Ou combien de fois l’avons-nous fait ? Combien de fois avons-nous Ă©tĂ© lĂąches ? Autrement dit, coup de poing contre l’indiffĂ©rence, ce clip peut Ă©galement ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme un rappel Ă  la solidaritĂ©. Ce clip est un coup de poing contre l’indiffĂ©rence dans un autre sens. En effet, il suscite la polĂ©mique. C’est-Ă -dire qu’il fait parler. En cela, il peut contribuer Ă  briser la spirale du silence dans laquelle les victimes de harcĂšlement ou de stigmatisation sont enfermĂ©es. 3. Des images chocs qui rĂ©veillent nos consciences Le dĂ©bat porte beaucoup sur le recours Ă  la reprĂ©sentation de la violence. Est-elle contestable ? Si l’on suit Kafka qui Ă©crivait "On ne devrait lire que les livres qui vous mordent et qui vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous rĂ©veille pas d’un coup de poing sur le crĂąne, Ă  quoi bon lire ? Le livre doit ĂȘtre la hache qui brise la mer gelĂ©e en nous", on peut trouver justifiĂ©e l’utilisation de la violence. Car elle rĂ©veille le spectateur et l’invite Ă  la prise de conscience. Si l’on suit certaines campagnes de prĂ©vention routiĂšre, on peut Ă©galement considĂ©rer que la reprĂ©sentation de la violence est utile. On se souviendra d’un spot publicitaire diffusĂ© il y a quelques annĂ©es dans lequel on voyait un groupe de jeunes en train de rire et de s’amuser en voiture, puis arrivait le choc de l’accident. Brutal. On voyait alors les mĂȘmes jeunes morts. Leurs rires, leur insouciance, leur inconscience mĂȘme Ă©taient partis, fauchĂ©s par la mort. Le tĂ©lĂ©spectateur Ă©tait laissĂ© devant ce spectacle, invitĂ© Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  sa propre conduite. En regardant ce clip, on prend un coup de poing certes, mais un coup de poing salutaire. De l’ordre de celui qui rĂ©veille la conscience assoupie dans les habitudes du quotidien. Reste une derniĂšre question ces images peuvent-elles ĂȘtre vues par tous les publics ? Non, rĂ©pondent les concepteurs du clip. Puisqu’ils le font prĂ©cĂ©der d’un message avertissant que certaines images peuvent heurter les plus jeunes. Et de maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, ce clip ne peut fonctionner qu’auprĂšs de personnes en Ăąge de rĂ©flĂ©chir sur eux-mĂȘmes en une prise de conscience.
jjiN.